Le portrait de Tessa, massothérapeute et jeune maman malvoyante

Tessa Baeyens a 35 ans et vit avec son mari et son petit garçon à Alost. Après des recherches intensives pour trouver un emploi correspondant à ses études, elle a décidé de suivre sa passion. Aujourd’hui, elle est massothérapeute et possède son propre cabinet de massage où les clients peuvent bénéficier de divers traitements. Le fait qu’elle soit malvoyante ne l’empêche pas de mener une vie aussi normale que possible. Elle nous raconte son histoire.

Écoutez la version podcast de son histoire ci-dessous.

Tessa est atteinte d’une maladie héréditaire de la rétine, la dystrophie des cônes bâtonnets (l’inverse de la vision en tunnel), due au rare syndrome de Bardet Biedl. Les premiers symptômes sont apparus vers l’âge de 7 ans. Elle ne pouvait pas lire les panneaux et l’ophtalmologue a déterminé que les lunettes n’étaient pas une solution non plus. Ce n’est qu’à l’âge de 27 ans que l’on a découvert ce qui se passait exactement, après un test ADN effectué par le professeur Leroy à l’UZGent.

Impact sur l’apprentissage et le travail

Enfant, la vision de Tessa était bien meilleure. Elle a fréquenté une école primaire ordinaire et, pour suivre ses cours, elle s’asseyait très près du tableau. Sa mère l’a aidé autant que possible. À partir de la deuxième année d’école secondaire, Tessa a reçu une caméra à distance pour reproduire le tableau sur un écran. Ainsi, elle pu terminer ses six années en enseignement secondaire général et poursuivre ses études à Bruxelles. Elle a obtenu un diplôme d’assistante sociale.

Trouver un stage ne fut pas évident, car le fait qu’elle soit malvoyante était souvent un obstacle. Tessa en a d’autant plus fait l’expérience lorsqu’elle a commencé à chercher un emploi d’assistante sociale. Elle s’est heurtée à de nombreux préjugés de la part des employeurs potentiels. Le fait que beaucoup de choses doivent aller vite est compliqué dans sa situation, mais pas impossible. Après trois ans et demi de recherche et de bénévolat en accueil téléphonique, Tessa a décidé de changer de cap et de se lancer à fond dans sa passion. Ainsi, elle a suivi de nombreux cours sur les techniques de massage et a ouvert son propre cabinet à domicile.

Un foyer chaleureux

Tessa a rencontré son mari sur un site de rencontre. Il est voyant et n’a eu aucun problème avec le handicap de Tessa. Au contraire, il était curieux et les choses se sont très rapidement mises en place. Ils se sont mariés, ont acheté une maison ensemble et ont accueilli leur petit garçon en 2022.

Comme dans toute jeune famille, les choses sont souvent mouvementées à la maison. Heureusement, ils peuvent compter sur le soutien des parents de Tessa, entre autres, qui vivent à proximité. Elle est également très reconnaissante de son mari qui, malgré son travail très prenant, est toujours prêt à l’aider.

Tessa a également de nombreux loisirs. Elle prend des cours de guitare, fait du sport et adore cuisiner. Une jeune maman très active !

Massage et relaxation

Son cabinet de massage “Tessara’ est situé à son domicile. Elle traite les personnes souffrant de troubles physiques et celles qui recherchent la détente. Grâce à des formations régulières, elle connaît aujourd’hui 16 traitements différents. Les clients qui n’ont pas lu son site web avant de venir ne remarquent parfois pas tout de suite qu’elle est malvoyante. Ce n’est pas du tout un frein à sa pratique. Au contraire, elle se concentre à 100 % sur ce qu’elle fait avec les mains. “C’est comme lire le braille”, dit-elle.

Sur son site, vous trouverez la citation suivante : “Le massage est l’étude de l’anatomie en braille.” (Jack Meagher)

Plus d’indépendance grâce aux aides visuelles

Tessa est très indépendante et s’appuie sur un certain nombre d’aides pour y parvenir. Les appareils parlants, en particulier, lui sont d’une grande aide. Sa vision centrale étant très faible, le grossissement des éléments sur écran n’est pas adapté à sa situation. Heureusement, il existe de nombreuses solutions. Par exemple, elle utilise des balances de cuisine parlantes et un appareil de lecture. Lorsqu’elle regarde la télévision, elle utilise la Go-box pour vocaliser les sous-titres.

Son iPhone et son iPad sont remplis d’applications qui l’aident, par exemple, à tenir sa comptabilité ou à gérer son calendrier et elle écoute des livres audio grâce à la bibliothèque Luisterpunt. Elle connaît un peu le braille, mais ne lit pas de livres comme ça.

Ainsi, à la maison, Tessa peut se débrouiller, mais à l’extérieur, elle rencontre davantage d’obstacles. Il serait bon pour elle que l’on accorde plus d’attention aux solutions auditives, par exemple dans les transports en commun.

Moins de préjugés, s’il vous plaît

Le fait qu’elle soit confrontée à de nombreux préjugés la frustre parfois. Par exemple, il arrive que des gens parlent d’elle, avec son mari, alors qu’elle est à côté de lui, parlent très fort ou expliquent les choses trop simplement. Elle se dit alors : “Il n’y a que mes yeux qui ont un problème, tout le reste fonctionne très bien !”

Les gens sont aussi parfois un peu trop désireux de l’aider. Sans le demander, ils lui donnent des indications lorsqu’elle se promène dans la rue avec sa canne blanche. Cela peut être un peu choquant.

Elle veut avant tout avoir la possibilité de montrer ce dont elle est capable.

À ses semblables, elle aimerait dire : “Ce n’est pas parce que vous avez une mauvaise vue que vous ne pouvez rien faire. Si vous voulez vraiment quelque chose, c’est possible, à condition de travailler dur. Profitez de la vie et de ce que vous pouvez encore faire.

Nous tenons à remercier sincèrement Tessa pour cette belle conversation et lui souhaitons beaucoup de bonheur à l’avenir.

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